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Acide thioglycolique

Fiche toxicologique n° 262

Sommaire de la fiche

Édition : Mise à jour 2014

Pathologie - Toxicologie

En raison de l'effet fortement corrosif de l'acide thioglycolique, certaines expérimentations ont été menées avec le thioglycolate de sodium (métabolisme, cancérogénicité, effets sur la reproduction).

  • Toxicocinétique - Métabolisme [7-9]

    L’acide thioglycolique pénètre par inhalation, par inges­tion et par la peau. Il est transformé dans l’organisme en sulfate organique ou inorganique et excrété dans l’urine.

    Chez l'animal

    Il se distribue dans les reins, les poumons et la rate chez le singe après injection i.v. et dans l'intestin grêle et les reins chez le rat.

    Le [S35]-thioglycolate de sodium injecté chez le lapin (70 - ­120 mg/kg) est rapidement excrété dans l'urine (30 - 40 % en 5 h, 60 - 80 % en 24 h), essentiellement sous forme de sulfate organique et de soufre neutre ; il y a peu de sulfa­tes inorganiques formés. Chez le rat, au contraire, il y a une forte excrétion de sulfates inorganiques (env. 50 % de la dose) ; le reste étant des sulfates organiques et du sou­fre neutre. Il n'y a pas d'excrétion pulmonaire de disulfure d'hydrogène, chez cet animal, jusqu'à 10 h après une exposition intrapéritonéale.

    Chez l'homme, de faibles quantités d'acide thioglycolique, sous forme de disulfure cystéine-acide thioglycolique, ont été identifiées dans l'urine.

  • Mode d'actions
  • Toxicité expérimentale
    Toxicité aiguë [7, 9]

    L’acide thioglycolique est toxique pour le foie et le tractus gastro-intestinal, corrosif pour la peau et les yeux et irri­tant pour les voies respiratoires et digestives.

    Inhalé, il irrite les voies aériennes supérieures. Ingéré, à forte dose, il provoque faiblesse, respiration haletante et convulsions ; à l'autopsie, on note une atteinte hépatique et une irritation du tractus gastro-intestinal. Il pénètre par la peau et provoque des brûlures et des symptômes iden­tiques à la voie orale.

    Déposé sur la peau du lapin, il déclenche, après 5 minutes, de fortes brûlures ainsi qu'une nécrose avec hyperémie locale et œdème.

    L'instillation (solution à 10 %) dans l'œil du lapin provoque une forte inflammation conjonctivale, une opacité cornéenne et un iritis sévère, accompagnés d'une douleur importante ; ces effets ne sont pas réversibles en 14 jours. Le lavage de l'œil, immédiatement après l'exposition, ne modifie pas les effets.

    Dans un test épicutané non occlusif, des applications répétées sur la peau du cobaye d'un mélange contenant 9 % d'acide thioglycolique et 22 % de glycéryl-monothioglycolate provoquent une irritation mais pas de sensibilisation.

    Voie

    Espèce

    DL50/CL50

    Inhalatoire

    Rat

    210 mg/m3/4 h

     

    Rat

    114 mg/kg

    Orale

    Souris

    242 mg/kg

    Lapin

    119 mg/kg

     

    Cobaye

    126 mg/kg

    Cutanée

    Souris

    47 mg/kg

    Lapin

    848 mg/kg

    Tableau I. Toxicité aiguë de l'acide thioglycolique.

    Toxicité subchronique, chronique [9]

    L’effet d’une exposition répétée ou prolongée à l’acide thioglycolique a été peu étudié en raison de sa corrosivité.

    Un test ancien a mis en évidence une légère hyperplasie de la thyroïde chez le rat (injection ip, 100 mg/kg, 5 j/sem, 24 sem).

    Effets génotoxiques [9]

    L’acide thioglycolique ne présente pas de potentiel géno­toxique dans les tests réalisés in vitro et in vivo.

    L'acide thioglycolique n'est pas mutagène in vitro dans le test d'Ames (S. typhimurium TA97, TA98, TA100, TA1535, TA1537, TA1538, +/- activateurs métaboliques) ni géno­toxique pour les lymphocytes humains (1 mg/l, +/- acti­vateurs métaboliques).

    In vivo, chez la drosophile, il n'induit pas de létalité réces­sive liée au sexe.

    Effets cancérogènes [9]

    L’acide thioglycolique n’apparaît pas comme étant cancé­rogène chez la souris et le lapin (les tests ont été réalisés avec du thioglycolate de sodium).

    Pour cause de corrosivité, les tests de cancérogenèse ont été effectués avec le thioglycolate de sodium. Chez la sou­ris et le lapin (femelles, voie cutanée, 1 ou 2 % dans l'acé­tone, 2 fois/semaine, toute la durée de l'étude), il n'y a pas de diminution de la survie ni d'augmentation significative du taux de néoplasies.

    Effets sur la reproduction [10]

    L’acide thioglycolique n’est pas tératogène chez le rat et le lapin et n’entraîne aucune modification des paramètres de la reproduction chez le rat.

    Une exposition au thioglycolate de sodium, par voie cuta­née, de rates (0 - 50 - 100 - 200 mg/kg/j du 6e au 19e jour de gestation) entraîne une toxicité maternelle locale au site d'exposition, une augmentation de la prise de nourriture et une baisse de poids chez les mères et les fœtus à la plus forte dose. Chez les lapines, l'exposition par voie cutanée (10 - 15 - 25 - 65 mg/kg/j du 6e au 29e jour de gestation) pro­voque une irritation locale sans effet systémique.

    Dans les deux espèces, le thioglycolate de sodium n'af­fecte pas le développement des fœtus. La NOAEL pour le développement est de 100 mg/kg/j chez le rat et ≥ 65 mg/kg/j chez le lapin.

  • Toxicité sur l’Homme

    Peu de données sur l’homme sont disponibles. Les effets connus sont essentiellement dus à l’action irritante du pro­duit pour la peau et les muqueuses. Il n'existe aucune donnée épidémiologique chez l'homme permettant d'apprécier les effets systémiques, cancérogè­nes ou sur la reproduction d'une exposition chronique à l'acide thioglycolique.

    Lors d'une exposition aiguë par inhalation à l'acide thio­glycolique, des symptômes à type d'irritations ORL et pul­monaire (toux), des douleurs thoraciques voire un œdème pulmonaire sont possibles.

    Lors d'une projection cutanée et oculaire d'acide thiogly­colique, une nécrose conjonctivale associée à une opacité cornéenne non réversible et des brûlures cutanées sont apparues.

    Lors d'ingestion accidentelle de la substance, des signes digestifs à type de nausées, vomissements, douleurs abdominales et hémorragie digestive, pouvant aller jus­qu'au collapsus circulatoire, ont été décrits [5, 6].

    Lors d'application d'une solution d'acide thioglycolique à 4,5 % chez 45 patients, suivie d'un rinçage 10 minutes après, aucun signe d'inflammation n'est apparu [11].

    Des patchs tests (laissés entre 48 heures et 7 jours), réali­sés chez 286 patients avec une lotion pour cheveux contenant de l'acide thioglycolique à 4,61 %, n'ont entraîné aucune réaction cutanée (y compris après répétition des patchs tests chez 109 des sujets, 20 à 40 jours plus tard).

    Dans une autre étude, 863 sujets testés avec les mêmes produits, des réactions cutanées sont notées chez 16 sujets et confirmées comme vraiment positives chez 2 d'entre eux lors d'un 2e test [11].

    À noter que certains thioglycolates (d'ammonium ou de glycérol) sont responsables d'allergies cutanées chez l'homme ; l'acide thioglycolique présent dans de nom­breuses préparations (permanentes froides notamment) peut se transformer en thioglycolates [12].

    Il n'existe aucune donnée épidémiologique chez l'homme permettant d'apprécier les effets systémiques, cancérogè­nes ou sur la reproduction d'une exposition chronique à l'acide thioglycolique.

  • Interférences métaboliques
  • Cohérence des réponses biologiques chez l'homme et l'animal
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