Toxicité aiguë [4, 5, 10 à 13]
Le N,N-diméthylacétamide a une faible toxicité aiguë (voir Tableau 1) ; il est irritant pour la peau et les yeux du lapin mais n’est pas sensibilisant pour le cobaye.
Aux doses létales, les symptômes varient avec l'espèce :
- chez la souris, l'excitation est suivie d'hypoactivité, faiblesse, dépression, paralysie des membres postérieurs, convulsions et saignements de nez. La mort survient, après un coma, en général dans les 24 heures ;
- chez le rat, on observe une atonie générale avec prostration, décubitus ventral et halètement ; les animaux sont sensibles au toucher. La mort survient aux fortes doses entre 10 minutes et 26 heures ; aux doses plus faibles, elle peut être retardée jusqu'à 11 jours.
À l'autopsie, on note une dégénérescence du cerveau, du foie, du cœur et des reins.
Voie | Espèce | DL50/CL50 |
Orale | Rat | 3600 - 5680 mg/kg |
Souris | 2600 - 4900 mg/kg |
Lapin | > 5000 mg/kg |
Cutanée | Rat | 7500 mg/kg |
Souris | 9600 mg/kg |
Lapin | 2112 - 3600 mg/kg |
Cobaye | > 940 mg/kg |
Inhalatoire | Rat | 2475 ppm/1 h |
Souris | 7200 mg/m3/1 h ( = 2021 ppm) |
406 ppm/3,5 h |
Tableau 1. Toxicité aiguë du N,N-diméthylacétamide.
Une exposition subaiguë par inhalation (288 ppm, 6 h/j, 14 j) induit, chez le rat, une inflammation nasale, une diminution du nombre de leucocytes, une hypertrophie et une nécrose hépatiques, et une atrophie testiculaire. Chez la souris (30 - 100 - 310 - 490 - 700 ppm, 6 h/j, 5 j/sem., 10 j), on note des modifications hématologiques (anémie), une nécrose et une hypertrophie hépatiques, une atrophie et une nécrose des organes lymphoïdes, une hypoplasie de la moelle osseuse et des lésions testiculaires essentiellement chez l'animal en période de puberté (dégénérescence des tubes séminifères, oligospermie). À concentrations plus faibles ou chez l'animal adulte, ces lésions sont minimales et réversibles. La NOAEL est de 100 ppm chez la souris en période de puberté et de 300 ppm chez l'adulte [14].
Irritation - Sensibilisation [3]
Le N,N-diméthylacétamide est un irritant cutané pour le cobaye (solution à 25 % sur peau intacte et à 10 % sur peau abrasée) ; le produit est faiblement irritant pour la souris (pur, 2500 mg/kg, peau abrasée) et non irritant pour le lapin à 500 mg/kg.
L'irritation oculaire (pleurs, érythème, œdème), induite chez le lapin par une solution à 50 %, est réversible en 3 - 4 jours.
Le N,N-diméthylacétamide n'est pas sensibilisant pour la peau du cobaye.
Toxicité subchronique, chronique [4, 5]
Le N,N-diméthylacétamide, en expositions répétées ou prolongées, est toxique pour le foie.
L'organe cible d'une exposition répétée au DMAC, quelle que soit la voie, est le foie : augmentation du poids (rat, à partir de 100 ppm par inhalation ou 300 mg/kg/j par voie orale), dégénérescence kystique focale, hyperplasie biliaire (350 ppm, inhalation). La NOAEL pour le foie, chez le rat et le chien, est de 40 ppm, 6 h/j, 5 j/sem., pendant 6 mois. On observe également une irritation du nez et du tractus respiratoire ainsi qu'une néphropathie chronique progressive chez le rat et une augmentation du taux d'atrophie rétinienne bilatérale chez la souris (inhalation, 350 ppm pendant 2 ans).
Par voie cutanée (5 h/j, 5 j/sem., 6 sem.), le DMAC engendre, chez le chien, une dégénérescence graisseuse du foie et une irritation cutanée à partir de 945 mg/kg/j.
Effets génotoxiques [4, 5]
Le N,N-diméthylacétamide n’est pas génotoxique dans les tests pratiqués in vitro et in vivo.
In vitro, les résultats obtenus sont négatifs pour l'induction de mutations dans les bactéries, d'échanges entre chromatides-sœurs dans les cellules ovariennes de hamster chinois, ou de synthèse non programmée de l’ADN dans les cellules intestinales embryonnaires humaines avec activation métabolique.
In vivo, le N,N-diméthylacétamide n'augmente pas le taux des aberrations chromosomiques dans la moelle osseuse du rat (20 ou 700 ppm, 7 h/j, 5 j) ni dans les lymphocytes de travailleurs exposés. Il n'induit pas de létalité dominante chez le rat et la souris (inhalation, 200 ppm, 7 h/j, 5 j ou 2,53 mg/l en une exposition ; voie orale jusqu'à 3000 mg/kg) ni de létalité récessive liée au sexe chez la drosophile.
Effets cancérogènes [4, 5]
Le N,N-diméthylacétamide n’est pas cancérogène pour le rat ou la souris par voie orale ou inhalatoire. Un effet inducteur de la différenciation cellulaire a été montré in vitro et in vivo.
Il n'y a pas d'induction de tumeur par voie orale chez le rat (100 - 300 - 1000 mg/kg dans l'eau de boisson pendant 2 ans) ou par inhalation chez le rat et la souris (25 - 100 - 350 ppm, 6 h/j, 5 j/sem. pendant 2 ans (rats) ou 18 mois (souris)). Des lésions hépatiques (hyperplasie et nécrose) non néoplasiques sont produites à la forte concentration [15].
Une diminution du taux de tumeurs totales et induites (initiation 7,12-diméthylbenz(a)-anthracène, promotion huile de croton) a été montrée chez le hamster exposé au N,N-diméthylacétamide par voie cutanée (3 j/sem. pendant 6 sem.). Un effet identique a été observé, avec un mélange acide rétinoïque/N,N-diméthylacétamide, sur des cellules de carcinome embryonnaire malin in vitro et in situ chez la souris ; le traitement induit la différenciation complète des cellules malignes en tératome bénin.
Effets sur la reproduction [5]
Le N,N-diméthylacétamide induit une fœtolétalité et des malformations du cœur et des gros vaisseaux chez le rat et le lapin par voie orale et cutanée.
Fertilité
L'exposition du rat mâle par inhalation (jusqu'à 386 ppm, 6 h/j, pendant 69 j avant et pendant l'accouplement) ne modifie pas sa fertilité ni le nombre et la viabilité des portées, qu'il soit accouplé avec des femelles non exposées ou exposées aux mêmes concentrations.
Il n'y a pas d'augmentation du taux d'anomalies spermatiques chez la souris (20 ou 700 ppm, 7 h/j, 5 j/sem. pendant 6 semaines).
Développement
In vitro, le N,N-diméthylacétamide est embryotoxique et tératogène à des concentrations supérieures ou égales à 3,5 mmoles/L.
In vivo, il provoque une toxicité maternelle et fœtale ainsi que des malformations principalement au niveau du cœur et des gros vaisseaux :
- par voie orale, chez le rat (0 - 20 - 65 - 150 - 400 mg/kg/j du 6e au 19e jour de gestation) et le lapin (0 - 94 - 282 - 470 mg/kg/j du 6e au 18e jour de gestation) ;
- par voie cutanée, chez le rat (0 - 600 - 1200 - 2400 - 4800 mg/kg aux 9e, 10 et 11e, 11 et 12e, ou 12 et 13e jours de gestation) à des doses non toxiques pour les mères.
Par contre, la souris ne présente pas de malformations aux doses utilisées (voie orale, 0 - 241 - 402 - 1204 mg/kg/j du 6e au 15e jour de gestation) ; chez le lapin (voie cutanée, 0 - 125 - 250 - 500 mg/kg du 6e au 18e jour de gestation), il n'y a pas d'effet toxique en dehors de variations squelettiques à la plus forte dose ; par inhalation, chez le lapin (0 - 57 - 200 - 570 ppm 6 h/j du 7e au 19e jour de gestation), les malformations sont marginales et non significatives tandis que chez le rat (0 - 32 - 100 - 282 ppm 6 h/j du 6e au 15e jour de gestation), on n'observe qu'une baisse de poids fœtal aux doses toxiques pour les mères mais pas de malformation.
Voie | Espèce | NOAEL |
Maternelle | Fœtotoxicité | Malformations |
Orale | Rat | 65 mg/kg/j | 65 mg/kg/j | 160 mg/kg/j |
Souris | 402 mg/kg/j | 241 mg/kg/j | 402 mg/kg/j |
Lapin | < 94 mg/kg/j | - | 94 mg/kg/j |
Inhalatoire | Rat | 100 ppm | 100 ppm | 282 ppm |
Lapin | 570 ppm | 57 ppm | 200 ppm |
Cutanée | Rat | 600 mg/kg/j | < 600 mg/kg/j | 600 mg/kg/j |
Lapin | 500 mg/kg/j | 250 mg/kg/j | 500 mg/kg/j |