Toxicité aiguë [1]
Les données disponibles chez l'animal montrent que le DBDPE présente une faible toxicité aiguë quelle que soit la voie d'exposition (orale, dermique, inhalatoire) et une absence de potentiel irritant (œil, peau ou voies respiratoires) et sensibilisant cutané.
La DL50 est supérieure à 5 g/kg par voie orale chez le rat et à 2 g/kg par voie dermique chez le lapin ; par inhalation, la CL50 est supérieure à 48,2 mg/L chez le rat (1 heure d'exposition). Les seules manifestations sont essentiellement des signes locaux réversibles observés après exposition par voie inhalatoire sans toxicité systémique évidente.
Chez le lapin, deux études d'irritation cutanée conduites avec une administration unique et un temps d'application de 24 heures ou une administration répétée pendant deux semaines indiquent soit une absence d'effets, soit des effets peu marqués. Sur l'œil (deux études chez le lapin), on note des effets transitoires peu marqués limités à la conjonctive.
Aucun test de sensibilisation cutanée n'a été réalisé chez l'animal avec le DBDPE. Toutefois, l'absence de potentiel sensibilisant des congénères faiblement bromés tels que l'OBDPE (octabromodiphényléther) et le PeBDPE (pentabromodiphényléther) et l'absence d'effets identifiés ou rapportés chez l'homme conduisent à considérer le DBDPE comme non sensibilisant.
Toxicité subchronique, chronique [1]
Le DBDPE n'entraîne pas de chloracné. Les organes cibles identifiés après exposition répétée par voie orale sont le foie, la rate, les ganglions lymphatiques, l'estomac antérieur et la thyroïde.
Lors de deux études conduites chez le lapin, le DBDPE après application répétée sur l'oreille pendant quatre semaines ne provoque pas de chloracné.
Les études subaiguës et subchroniques réalisées avec du DBDPE, dont la pureté était de l'ordre de 97 - 99 %, n'ont pas montré de toxicité systémique à des doses pouvant atteindre 3000 mg/kg/j chez le rat et 9000 mg/kg/j chez la souris. Seule une étude sur 30 jours chez le rat réalisée avec du DBDPE pur à 77 % seulement, a montré une hyperplasie thyroïdienne à partir de 80 mg/kg/j et des effets histologiques hépatiques et rénaux à la dose maximale testée de 800 mg/kg/j. Une NOAEL de 8 mg/kg/j a été identifiée dans cette étude.
Lors des études chroniques conduites avec du DBDPE pur à 94 - 97 %, les organes cibles suivants ont été identifiés : la thyroïde chez la souris, la rate et les ganglions lymphatiques chez le rat, le foie et l'estomac antérieur chez le rat et la souris. Les effets non néoplasiques observés sont des modifications histologiques (fibrose splénique, dégénérescence hépatique, hyperplasie lymphoïde des ganglions lymphatiques mandibulaires, acanthose de l'estomac antérieur, hyperplasie des cellules folliculaires thyroïdiennes). Une NOAEL de 1120 mg/kg/j a été identifiée à partir de ces études chroniques.
Effets génotoxiques [1]
Le DBDPE ne présente pas de profil génotoxique.
Les essais suivants ont été réalisés :
- in vitro, des essais de mutations géniques sur Salmonella Typhimurium (test de Ames) et sur cellules de lymphomes de souris, un test cytogénétique d'aberration chromosomique et d'échange entre chromatides-sœurs sur cellules ovariennes de hamster chinois, avec et sans activation métabolique ;
- in vivo, étude cytogénétique sur les cellules de la moelle osseuse couplée à une étude de toxicité sur la reproduction.
Dans l'ensemble, les résultats des essais de mutation génique sont négatifs. Le DBDPE ne provoque pas non plus d'effets cytogénétiques in vitro ou in vivo, ne présente pas de structure d'alerte et, bien que certains des essais disponibles soient de portées limitées, il est estimé que le DBDPE ne présente pas de profil génotoxique.
Effets cancérogènes [1]
Les résultats des études de cancérogenèse disponibles chez l'animal n'entraînent pas un classement cancérogène au niveau de l'Union européenne en raison de preuves de cancérogénicité limitées chez le rat et équivoques chez la souris. Le CIRC (IARC), Centre international de recherche sur le cancer, a adopté une position identique et l'a classé en catégorie 3 : « ne peut être classé comme cancérogène pour l'homme » en raison de preuves de cancérogénicité limitées chez l'animal.
Deux études de cancérogenèse réalisées chez la souris et le rat, à des doses élevées, ont montré les effets néoplasiques suivants :
- augmentation marginale de l'incidence des tumeurs thyroïdiennes chez la souris accompagnée d'hyperplasie folliculaire thyroïdienne à partir de 3200 mg/kg/j ;
- augmentation de l'incidence des adénomes ou des carcinomes hépatiques à partir de 3200 mg/kg/j, non dose-dépendante, chez la souris B6C3F1, non confirmée chez le rat. Seule une augmentation dose-dépendante de l'incidence de nodules néoplasiques hépatiques est observée chez le rat à partir de 1120 mg/kg/j. Une LOAEL de 1120 mg/kg/j a été identifiée à partir de ces études de cancérogenèse.
Effets sur la reproduction [1]
Le DBDPE n'a pas montré d'effets significatifs sur la fertilité mâle ou femelle ou sur le développement embryo-fœtal chez le rongeur.
Fertilité
Dans une étude une génération par voie orale chez le rat, aucun effet sur la reproduction (pourcentage et nombre de gestations, indice de survie des petits, durée de gestation, poids et sex-ratio) n'a été rapporté jusqu'à 100 mg/kg/j. Toutefois la dose maximale testée n'a pas entraîné de toxicité parentale ce qui limite la signification de cette étude.
On notera également l'absence d'effets histologiques sur les organes de la reproduction dans cette étude, ainsi que dans les études subchroniques et chroniques à des doses pouvant atteindre 6000 mg/kg/j.
Développement
Une étude récente de toxicité sur le développement par voie orale n'a pas mis en évidence de toxicité significative sur le développement ni de toxicité maternelle chez des rates gestantes, traitées avec du DBDPE pur à 97 %, du 1er au 19e jour de la gestation, aux doses de 100, 300 et 1000 mg/kg/j.
Une étude de neurotoxicité a été conduite chez des souris mâles juvéniles traitées par voie orale soit le 3e ou le 19e jour après la naissance aux doses de 2,22 ou 20,1 mg/kg soit le 10e jour après la naissance aux doses de 1,34 ; 13,4 ou 20,1 mg/kg. Des tests comportementaux évaluant l'activité motrice ont été conduits chez des animaux à l'âge de 2, 4 et 6 mois respectivement. Aucun signe de toxicité systémique ni de modification de poids n'a été observé. Des troubles de l'habituation ont été observés notamment chez les animaux traités à 20,1 mg/kg. Toutefois en raison notamment de l'effectif limité de cette étude, du nombre restreint de doses testées et de l'absence de plan expérimental et de contrôle négatif et positif, aucune conclusion claire ne peut être tirée de cette étude.