Toxicité aiguë [1, 8, 10, 14, 22]
La toxicité aiguë des trichlorobenzènes est modérée par voie orale et faible par voie cutanée. Aucune information n’est disponible par inhalation. Elle se manifeste par une atteinte neurologique centrale avec convulsions. Une irritation de la peau et des muqueuses oculaire et respiratoire est observée.
Par voie orale chez le rat, la DL50 du 1,2,3-trichlorobenzène est de 1 800 mg/kg, celle du 1,2,4-trichlorobenzène est comprise entre 556 et 1 107 mg/kg. Par voie cutanée, seules des DL50 pour le 1,2,4-trichlorobenzène sont disponibles : 5 000 mg/kg chez le lapin, entre 4 300 et 11 356 mg/kg chez le rat, et 300 mg/kg chez la souris, espèce la plus sensible.
Une excitation motrice et des convulsions précèdent la mort des animaux.
Toxicité subchronique, chronique [10, 14, 23 à 26]
Les organes cibles du 1,2,4-trichlorobenzène sont le foie (altérations histologiques et modification de l’activité des enzymes hépatiques), les reins et la thyroïde, avec une susceptibilité accrue observée chez les mâles.
L'inhalation répétée de 1,2,4-trichlorobenzène (25, 50 et 100 ppm, 7 heures/jour, 5 jours/semaine, 26 semaines) chez le rat provoque des altérations histologiques hépatiques et rénales modérées. Par contre, aucune anomalie n'est retrouvée chez le lapin et le singe.
L'application cutanée de 1,2,4-trichlorobenzène sur l'oreille de lapin (3 fois/semaine, 13 semaines) entraîne une irritation avec acanthose et hyperkératose sans chloracné.
L'administration orale chez le rat de 1,2,4-, 1,2,3- et 1,3,5- trichlorobenzène (78 mg/kg/j, 90 jours) entraîne une augmentation du poids du foie et des reins, sans modification biologique associée, mais avec des anomalies histologiques du foie, des reins et de la thyroïde. Le 1,2,4-trichlorobenzène provoque une induction enzymatique modérée.
L'administration orale chez le rat de 1,2,4- et 1,2,3-trichlorobenzène ne provoque pas de porphyrie hépatique. Par contre, une élévation des porphyrines urinaires puis du porphobilinogène est retrouvée à forte dose.
Les isomères 1,2,4- et 1,3,5- peuvent entraîner chez le rat une toxicité pancréatique modérée, qui semble indépendante des effets hépatotoxiques.
Une étude réalisée par gavage chez le rat a permis de comparer la toxicité des 3 isomères. Chez les mâles exposés à la plus forte dose (78 - 82 mg/kg/j, pendant 13 semaines), des altérations morphologiques de la thyroïde ont été mises en évidence : diminution de la taille des follicules, épaississement de l'épithélium et réduction de la densité de colloïde.
Effets génotoxiques [10, 27]
Les données disponibles ne permettent pas de conclure quant aux potentiels effets génotoxiques des trichlorobenzènes.
Le 1,2,4-TCB n'est pas mutagène pour les souches TA 1535, TA 1537, TA 100 et TA 98 de Salmonella thyphimurium, avec ou sans activation métabolique.
In vivo, un test du micronoyau chez la souris après injection intrapéritonéale de 250 mg/kg de 1,2,3-TCB, s'est avéré positif.
Effets cancérogènes [28, 29]
Les tumeurs hépatiques observées n’ont pas été jugées suffisantes pour attribuer une classification cancérogène aux trichlorobenzènes.
Chez la souris, l'administration de 1,2,4-trichlorobenzène via l'alimentation, pendant 2 ans, conduit à l'apparition de carcinomes hépatocellulaires, seulement chez les animaux exposés aux plus fortes doses (700 et 3 200 ppm) [28]. Ces tumeurs semblent être le résultat d'un effet toxique général sur le foie [29].
Effets sur la reproduction [1, 10, 15, 16, 28, 30]
Aucun effet sur le développement n’a été mis en évidence, excepté l’atteinte du cristallin observée pour des expositions aux 1,2,4 et 1,3,5-trichlorobenzène. Concernant les effets sur la fertilité, des effets sur les testicules ont été observés chez les rats exposés à de fortes doses.
L'administration orale de 1,2,4-, 1,2,3- et 1,3,5-trichlorobenzène (150 à 600 mg/kg, 6e et 15e jour de gestation) chez des rates gestantes, ne provoque aucun effet tératogène ni fœtotoxique, en dehors d'une atteinte du cristallin pour les expositions au 1,2,4- et au 1,3,5-trichlorobenzène. Ces doses altéraient pourtant les fonctions hépatiques et thyroïdiennes des femelles.
Dans une autre étude, l'administration orale de 1,2,4-trichlorobenzène (30 à 1 200 mg/kg/j, 9e au 13e jour de gestation) chez des rates, entraîne une atteinte hépatique chez les animaux traités et une réduction des paramètres de la croissance embryonnaire dès 360 mg/kg.
L'administration orale de 1,2,4-trichlorobenzène (12, 100, 400 ppm dans l'eau de boisson), à de jeunes rats durant deux générations, n'entraîne aucune anomalie de la reproduction, ni de la croissance, ni du poids, même aux doses les plus fortes qui se révèlent modérément toxiques pour le foie et les surrénales des femelles.
Cependant, une dégénérescence des testicules, ainsi qu'une diminution des sécrétions des vésicules séminales, sont rapportées chez des rats exposés à 700 et 3 200 ppm de 1,2,4-trichlorobenzène pendant 2 ans.