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Trichlorure de phosphoryle

Fiche toxicologique n° 108

Sommaire de la fiche

Édition : Mai 2022

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme [5]

    Bien absorbé par voies respiratoire et digestive, le trichlorure de phos­phoryle est éliminé dans les urines sous forme de phosphate.

    Chez l'animal

    Il existe peu de données de toxicocinétique humaine ou animale pour le trichlorure de phos­phoryle. Il est absorbé par voie respiratoire et digestive, puis, dans l'organisme, le phosphore est converti en phosphate et éliminé sous cette forme par voie urinaire.

  • Mode d'actions [11]

    Le trichlorure de phosphoryle, intermédiaire dans la fabrication des pesticides organophosphorés, agit comme ces derniers en inhi­bant l’acétylcholinestérase et la butyrylcholinestérase sériques. Des signes d’empoison­nement cholinergique ont été observés chez la souris après exposition intrapéritonéale et la drosophile après exposition aux fumées. La toxicité aiguë serait attribuable à une hydro­lyse du trichlorure de phosphoryle en HOP(O)Cl2 qui phosphorylerait l’acétylcholi­nestérase au niveau du site actif pour former une [O-phosphosérine]-acétylcholinestérase inactive [11].

  • Toxicité expérimentale
    Toxicité aiguë [10, 12]

    Le trichlorure de phosphoryle est très toxique par inhalation, toxique par voie orale et corrosif. Il provoque de graves lésions pulmonaires ainsi que des brûlures au niveau du tube digestif. Des lésions irréversibles sont notées sur la peau ainsi que les yeux.

    Le trichlorure de phosphoryle est très toxique par inhalation, la CL50 est de 48 ppm/4h chez le rat et 52 ppm/4h chez le cobaye. Il est toxique par voie orale pour le rat, la DL50 est de 380 mg/kg.

    L'inhalation provoque une irritation du tractus respiratoire avec respiration laborieuse et œdème pulmonaire ; l'ingestion entraîne des brûlures de la bouche, de l'œsophage et de l'estomac ainsi que des diarrhées.

    Sous forme liquide, cette substance est cor­rosive pour la peau du lapin ; le contact avec l'humidité des tissus provoque la formation d'acides chlorhydrique et phosphorique, res­ponsables de brûlures graves. En contact avec l'œil, elle provoque une irritation sévère qui peut entraîner une lésion oculaire grave et per­manente.

    Sous forme vapeur, elle est irritante pour le tractus respiratoire et les yeux.

    Toxicité subchronique, chronique [13]

    En dehors des effets d'irritation respiratoire, les études publiées ne permettent pas de définir la toxicité de cette substance.

    Il n’existe dans la littérature qu’une expéri­mentation ancienne dans laquelle des rats exposés au trichlorure de phosphoryle par voie inhalatoire (0,48 et 1,34 mg/m3 pendant 4 mois) présentent des modifications de la fréquence respiratoire, des variations dans l’excrétion uri­naire des protéines et de l’acide hippurique, une baisse de mobilité spermatique et des modifi­cations osseuses. A la plus forte dose, vien­nent s’ajouter une irritation des muqueuses respiratoires et des bronches avec développe­ment d’une rhinite et d’une trachéite chro­niques, une hyperplasie des glandes muqueuses, une dégénérescence albumineuse et graisseuse du foie et des reins, ainsi que des modifications dégénératives des cellules ner­veuses cérébrales. Les effets provoqués par la faible dose disparaissent après un mois d’ob­servation, alors que ceux provoqués par 1,34 mg/m3 subsistent après 4 mois d’observation. Selon certains auteurs, la toxicité du trichlorure de phosphoryle pourrait être rapprochée de celle du phosphore (cf. fiche toxicologique n° 100)

    Effets génotoxiques

    Aucune donnée n’est disponible chez l’animal à la date de publication de cette fiche toxicologique.

    Effets cancérogènes

    Aucune donnée n’est disponible chez l’animal à la date de publication de cette fiche toxicologique.​

    Effets sur la reproduction

    Aucune donnée n’est disponible chez l’animal à la date de publication de cette fiche toxicologique.​​

  • Toxicité sur l’Homme

    En cas d'exposition à forte concentration, des lésions sévères des voies aériennes sont rapportées. Des irritations oculaire et respiratoire persistent à plus faible concentration. On ne dispose pas d'information sur les effets cancérogène ou reprotoxique de la substance.

    Toxicité aiguë [14]

    Plusieurs publications rapportent des observations cliniques suite à des expositions aiguës par inhalation. Elles sont généralement anciennes (publiées entre 1908 et 1967), et ne donnent pas de détails sur les niveaux et durées d’exposition.

    Lors d’expositions aiguës par inhalation, des symptômes tels que de la toux, une dys­pnée, une sensation d’oppression thoracique, des vertiges, sont rapportés. A l’auscultation pulmonaire, la présence de ronchi ou de râles crépitants est retrouvée dans l’ensemble des poumons.

    Des conjonctivites, pharyngites, tachycar­dies et douleurs thoraciques lancinantes sont également signalées, ainsi que des vomisse­ments et des bronchites asthmatiformes.

    Des bronchectasies, des œdèmes pulmo­naires ont été décrits, dont certains ayant entraîné un décès, fréquemment après une période d’amélioration. Des atteintes rénales non précisées ont été rapportées.

    Toxicité chronique [14]

    Les données sur des expositions chroniques sont plus rares. Une population de 37 tra­vailleurs d’une usine chimique exposés à du trichlorure de phosphore et à du trichlorure de phosphoryle a été comparée à 22 travailleurs non exposés. Les fonctions pulmonaires étaient identiques. Les conditions d’exposi­tions et leur historique n’étaient pas précisés. 26 des sujets exposés et 11 des non exposés ont été revus 2 ans après. La moitié des expo­sés se plaignait de troubles respiratoires inter­mittents contre aucun parmi les non exposés.

    Dans une usine de production de trichlorure de phosphoryle, des ouvriers, non exposés antérieurement, ont développé des brûlures oculaires, de la gorge et une toux avec expecto­ration après 4 jours à 6 semaines d’exposition, augmentant progressivement jusqu’à ce que le travail devienne impossible. À l’examen, on a observé des signes de conjonctivites et d’irrita­tion des voies aériennes supérieures, ainsi que des signes de bronchites asthmatiformes. Les symptômes n’ont pas régressé après arrêt de l’exposition et les patients ont gardé une sus­ceptibilité accrue aux substances irritantes.

  • Interférences métaboliques
  • Cohérence des réponses biologiques chez l'homme et l'animal
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