Que faire en cas d'exposition ? Guide de lecture
Définition d'un sujet exposé
Personne ayant eu un accident d’exposition viral (AEV) : AES ou contact non protégé avec un patient atteint de FHCC pendant la période symptomatique virémique.
Personne piquée par une tique infectée.
Personne en contact avec des animaux virémiques ou leurs liquides biologiques, ou piquée par une tique infectée ; cependant l’exposition est alors le plus souvent évoquée en zone d’endémie a posteriori, dans la mesure où les animaux sont asymptomatiques.
Principales professions concernées
- Personnels soignants prenant en charge des patients infectés symptomatiques ;
- Personnels de laboratoires manipulant des prélèvements biologiques provenant de patients infectés virémiques.
- En zone d'endémie :
- personnels travaillant au contact d'animaux : éleveurs, personnels d'abattoir, vétérinaires ;
- personnes ayant une activité professionnelle qui les expose aux piqûres de tique : forestiers ;
- professionnels envoyés en missions en zone d’endémie.
Conduite à tenir immédiate
En milieu de soin
S'assurer que les mesures de protection sont en place 16.
En cas d'AEV R4 :
- arrêt sécurisé des tâches en cours ;
- sortie de la victime de l'aire de soins ;
- retrait sécurisé de l'EPI avec respect scrupuleux des procédures.
En cas d'effraction cutanée ou de projection sur la peau : nettoyage doux à l'eau et au savon puis désinfection avec de l'eau de Javel à 2,6 % de chlore actif dilué au 1/5ème (ou solution de Dakin) pendant 10 minutes.
En cas de projection sur les muqueuses, notamment oculaires : rincer abondamment avec eau ou sérum physiologique.
Consulter un médecin référent ou un médecin de garde aux urgences le plus tôt possible ou, si l'exposition survient en milieu communautaire, prendre contact immédiatement avec l'Etablissement de santé de référence habilité (ESRH) pour prise en charge.
Évaluer le niveau de risque de transmission du virus selon le type de contact avec un cas confirmé, afin d’adapter la prise en charge du sujet exposé R2, R3.
En zone d’endémie, en cas de piqûre de tique il est recommandé de retirer la tique le plus rapidement possible et d’utiliser une pince fine en prenant la tique à la base de la peau ou d’utiliser un tire-tique R1, R4.
Évaluation du risque
Selon les caractéristiques de la source et le type d'exposition
En contexte de soins, il est nécessaire de confirmer que les critères de diagnostic sont bien remplis (cf p 16-17 de R4) :
- Cas suspect ou possible : signes cliniques évocateurs et exposition compatible (9 j après piqûre de tique infectée, 14 j après contact avec un animal ou un homme infecté) ;
- Cas confirmé : confirmation biologique par le CNR FHV d’une infection par le virus de la fièvre hémorragique Crimée-Congo (CCHFV) en absence de cas autochtone, ou par le laboratoire du centre hospitalier le plus proche capable d’un tel diagnostic en cas d’épidémie.
Seuls les malades atteints de FHCC symptomatiques peuvent être à l'origine de la transmission du CCHFV.
Dans les zones à risque, il est recommandé de chercher à identifier la tique piqueuse, notamment en la photographiant et/ou en la recueillant dans un récipient. Hyalomma est assez facilement reconnaissable (R1, annexe 7-R4).
Produits biologiques à risque :
- Le sang, le sérum et les selles, en particulier si sanglantes sont considérés comme à risque important de contamination ; en revanche, les urines, les prélèvements cutanéomuqueux, de la sphère ORL et respiratoires ainsi que le liquide cérébrospinal sont considérés à risque faible de contamination à partir d’un patient ayant une FHCC symptomatique confirmée ou probable ;
- Liquides biologiques d’un animal infecté ;
- Salive de la tique.
Type d'exposition
En contexte de soins
Le niveau de risque en fonction du type d'exposition à un patient atteint de FHCC confirmé ou probable est précisé dans un tableau figurant à la page 21 de l'avis du HCSP du 7 février 2024 R4.
Type de contact | Niveau de Risque | |
Présence de diarrhées et/ou vomissements et/ou hémorragies | ||
| NON | OUI |
Contact rapproché (moins d’un mètre), sans équipement de protection individuel, en face à face avec un patient fébrile mais valide | Faible | Élevé |
Contact direct sans protection avec du matériel souillé par des fluides biologiques d’un cas d’infection à CCHFV | Élevé | Très élevé |
Incidents cumulés lors de différentes phases de déshabillage déclarés par l’intéressé ou constatés par le binôme contrôle ou par le superviseur. | Faible | Très élevé |
Exposition transcutanée, AES (accident d’exposition au sang) ou exposition muqueuse au sang ou à un fluide corporel (y inclus des selles diarrhéiques ou des vomissures), à des tissus biologiques ou à des échantillons cliniques contaminés provenant d’un patient | Maximal | Maximal |
Spécificité de l'exposition au laboratoire
Les prélèvements considérés à risque important de contamination à partir d’un patient ayant une FHCC symptomatique confirmée ou probable sont :
- sang, sérum ;
- selles, en particulier si sanglantes.
Les prélèvements considérés à risque faible de contamination à partir d’un patient ayant une FHCC symptomatique confirmée ou probable sont :
- urines ;
- prélèvements cutanéomuqueux ;
- prélèvements de la sphère ORL, prélèvements respiratoires ;
- liquide cérébrospinal.
Selon les caractéristiques du sujet exposé
Les personnes possiblement plus à risque de forme grave sont les immunodéprimés et les femmes enceintes.
Prise en charge du sujet exposé
Mesures prophylactiques
L'efficacité d’un traitement post-exposition (TPE) par la ribavirine est très probable, sur la base de l'expérience acquise en Turquie 9.
Ce traitement est réservé aux seuls professionnels de santé victime d’un accident d’exposition à un risque viral (AEV) et doit être proposé rapidement :
- systématiquement en cas d’AEV avec un patient cas confirmé de FHCC et exposition avec un risque considéré comme maximal, très élevé ou élevé selon l’évaluation du risque exposé dans le tableau ci-dessus ;
- au cas par cas, en cas d’AEV à risque faible avec un cas confirmé ;
- au cas par cas, en cas d’AEV à risque maximal avec un patient cas possible, en fonction du niveau conviction clinique quant à une FHCC.
Il ne sera pas proposé dans les autres cas.
Les modalités du TPE sont détaillées dans l'avis du HCSP du 7 février 2024 R4.
Suivi médical
Toute personne exposée doit être surveillée pendant une durée de 14 jours, qui correspond à la durée maximale de l'incubation. Les signes et symptômes à surveiller sont une fièvre (> 38°C) d’apparition brutale, des signes digestifs, des signes hémorragiques survenant dans les 14 jours post-exposition. En cas de survenue d'un de ces signes chez un sujet exposé, l’hospitalisation en isolement est nécessaire et le cas doit être signalé à la cellule de crise Coordination opérationnelle - Risque épidémique et biologique (COREB) et à l’Agence Régionale de Santé (ARS).
En cas de grossesse
Information du personnel assurant le suivi de la grossesse.
Pour l'entourage du sujet exposé
Pas de mesures spécifiques, la FHCC n'étant pas contagieuse avant l'apparition des premiers signes cliniques.