Biotox Molybdène et composés

Molybdène sanguin total : 0,8 µg/L (95ème percentile) [7]

Molybdène plasmatique : 1,2 µg/L (95ème percentile) [7]

Molybdène sanguin : 1,6 µg/L (95ème percentile chez les 20-79 ans, Canadian Health Measures Survey 2009-2011) [8]

Toxicocinétique - Métabolisme [1]

Le molybdène est un oligoélément essentiel. L'absorption du molybdène dépend de la spéciation (ou espèce chimique), de la solubilité du composé dans le milieu biologique considéré, ainsi que de la granulométrie du composé. Le trioxyde de molybdène, composé relativement plus soluble, est plus rapidement dissolu et absorbé que d’autres composés, pratiquement insolubles. L’absorption après exposition par inhalation et par voie cutanée n’est pas quantifiée.  Après ingestion, plus de 80 % de la dose peuvent être absorbés mais la fraction d’absorption dépend de nombreux facteurs : dose ingérée, jeûne, régime alimentaire, statut nutritionnel. L’absorption est relativement rapide avec un pic plasmatique atteint en 100 minutes.

Transporté lié aux protéines et aux globules rouges, il se distribue très rapidement dans différents organes, notamment le foie et les reins.

Le molybdène existe sous différents états de valence et peut subir des réactions d’oxydation/réduction. La forme interagissant avec les systèmes enzymatiques est le Mo^VI. Dans les cellules, le molybdène se lie à une molydoptérine pour former le cofacteur à molybdène, MoCo, nécessaire à l’activité de certaines enzymes.

Il n’y a pas de donnée concernant l’élimination du molybdène après exposition par inhalation. Après ingestion, l’élimination plasmatique est biphasique (demi-vies de 30 minutes et 6,6 heures). L’excrétion est principalement urinaire (75 à 90 % de la dose absorbée) et, pour une moindre part, fécale.

Indicateurs biologiques d'exposition

Les dosages urinaire et plasmatique de molybdène ont été proposés pour la surveillance biologique des travailleurs exposés mais les données disponibles en milieu professionnel sont très limitées.

Chez 70 soudeurs de chantiers navals en Russie (soudage manuel à l'arc avec électrode enrobée et soudage à l’arc sous protection gazeuse), les concentrations en molybdène étaient supérieures chez les soudeurs par rapport aux 74 témoins non exposés, dans l’ensemble des fluides biologiques analysés (sang total, sérum, érythrocytes, urine), mais aucune corrélation avec la concentration atmosphérique de molybdène n’a été observée. La concentration médiane (min-max) de molybdène urinaire était de 38 (12-93) µg/g de créatinine chez les soudeurs versus 27 (2,4-382) µg/g de créatinine chez les témoins ; celle de molybdène sérique de 1 (0,5-3,3) µg/L versus 0,77 (0,16-3,5) [2].

La commission allemande DFG a estimé qu’une valeur BAT ne peut être établie pour ces deux indicateurs. Une valeur BAR est proposée pour le molybdène urinaire (DFG, 2020) sur la base d’études de biosurveillance en population générale [3-5] et dans un échantillon de témoins non exposés [2] (voir Renseignements utiles pour le dosage). Cette valeur est exprimée en µg/L en l’absence d’avantage démontré d’un ajustement à la créatinine urinaire.

Interférences - Interprétation

Une contamination de l'échantillon lors du recueil du prélèvement doit être évitée. Les contaminations métalliques étant le principal écueil lors de l'analyse des éléments traces, il est nécessaire de prendre certaines précautions lors du prélèvement (aiguille, tubes, bouchons, antiseptiques...) et de l'acheminement (conservation, transport) au laboratoire. Pour cela, il est primordial que le médecin du travail prenne contact avec le laboratoire effectuant l'analyse (mais également avec celui qui fait le prélèvement s'il est différent) afin de se faire préciser les procédures de prélèvement et d'acheminement et les pièges à éviter. Dans tous les cas, les prélèvements doivent être réalisés en dehors des locaux de travail, au mieux après une douche et au minimum après lavage des mains pour limiter le risque de contamination, par un laboratoire participant au contrôle de qualité pour cet élément trace.

1. Molybdenum. Toxicological Profiles. ATSDR, 2020 (https://www.atsdr.cdc.gov/).CDC - Fourth National Report on Human Exposure to Environmental Chemicals Updated Tables, March 2021, Volume Two: NHANES 2011-2016. US. Department of Health and Human Services. Centers for Disease Control and Prevention. 2021 (https://www.cdc.gov/exposurereport/).

2. Ellingsen DG, Chashchin M, Berlinger B, Fedorov V et al. - Biological monitoring of welders' exposure to chromium, molybdenum, tungsten and vanadium. J Trace Elem Med Biol. 2017 ; 41 : 99-106.Heitland P, Köster HD – Biomonitoring of 30 trace elements in urine of children and adults by ICP-MS. Clin Chim Acta. 2006 ; 365 : 310-18.

3. Michalke B, Drexler H, Hartwig A, MAK Commission - Molybdenum and its compounds – Addendum for evaluation of a BAR. Assessment values in biological material – Translation of the German version from 2019. (https://www.dfg.de/en/dfg_profile/statutory_bodies/senate/health_hazards/index.html)

4. Heitland P, Köster HD - Biomonitoring of 37 trace elements in blood samples from inhabitants of northern Germany by ICP-MS. J Trace Elem Med Biol. 2006 ; 20 (4) : 253-62.

5. Lewis RC, Meeker JD – Biomarkers of exposure to molybdenum and other metals in relation to testosterone among men from NHANES 2011-2012. Fertil Steril. 2015 ; 103(1) : 172-78.

6. Hoët P, Jacquerye C, Deumer G, Lison D, Haufroid H - Reference values and upper reference limits for 26 trace elements in the urine of adults living in Belgium. Clin Chem Lab Med. 2013 ; 51 (4) : 839-49.

7. Cesbron A, Saussereau E, Mahieu L, Couland I et al. - Metallic profile of whole blood and plasma in a series of 106 healthy volunteers. J Anal Toxicol. 2013 ; 37 (7) : 401-05.

8. Saravanabhavan G, Werry K, Walker M, Haines D et al. -  Human biomonitoring reference values for metals and trace elements in blood and urine derived from the Canadian Health Measures Survey 2007-2013. Int J Hyg Environ Health. 2017 ; 220(2 Pt A) : 189-200.

1. List of MAK and BAT Values. Permanent Senate Commission for the Investigation of Health Hazards of Chemical Compounds in the Work Area. Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG) (https://www.dfg.de/en/dfg_profile/statutory_bodies/senate/health_hazards/index.html).

2. Fillol C, Oleko A, Gane J, Saoudi A et al. Imprégnation de la population française par les métaux urinaires. Programme national de biosurveillance, Esteban 2014-2016. Saint-Maurice : Santé publique France ; 2021 : 52 p. (https ://www.santepubliquefrance.fr).

3. National Report on Human Exposure to Environmental Chemicals. Biomonitoring Data Tables for Environmental Chemicals. Centers for Disease Control and Prevention (CDC) (https://www.cdc.gov/exposurereport/).