Le chemin laborieux du partage et de la reconnaissance des émotions au sein d’un collectif
Communication scientifique
Cette communication met en discussion un questionnement sensible, le partage émotionnel ou la contagion émotionnelle au sein d’un collectif de travail. Alors que la volonté de développement de collectifs de travail prend de l’ampleur, encourageant par là même les tentatives de déploiement d’une culture, d’un « discours », de prise en compte d’éléments cognitifs ou émotionnels communs ou partagés, on pourrait penser que des vécus fondamentaux, comme les émotions, seraient plus aisément miscibles dans le collectif que d’autres traitements cognitifs, plus « élaborés », favorisant ainsi leur partage, voire leur propagation. Cependant, les travaux en psychologie sociale, différentielle et en clinique de l’activité montrent bien que l’existence de traitements communs n’exclut pas certaines vicariances. Le genre, quel que soit son développement, n’exclut pas le style. D’un point de vue cognitif, les travaux d’Ochanine ont souligné l’écart entre la perception d’une situation et sa représentation. Celle-ci dépend de la correspondance entre ce qui est perçu, l’expérience (vécu sédimenté) que l’opérateur en a et ses objectifs et possibilités d’action. Au-delà des vicariances individuelles de représentation de la situation et d’expression du vécu émotionnel, leurs propagations dépendent aussi des interférences « méta » (au sens de Hoc), représentations que l’on se fait de la place des émotions dans la tâche primaire, de la capacité (compétences) des autres à les recevoir…, dans les exigences de coopération. Du point de vue de la gestion des risques en situation dynamique, l’expression émotionnelle peut aussi être envisagée comme une activité, pas nécessairement intentionnelle ou contrôlable, qui peut interférer avec d’autres activités, entrer en conflit avec une dynamique de situation et engendrer d’autres risques qu’il faudrait gérer. Enfin, le partage émotionnel et l’expression émotionnelle en elle-même peuvent être contrariés par l’absence de considération, de reconnaissance officielle de l’expression de ce vécu. Au travers une étude de terrain sur la déclaration des incivilités au sein d’un centre d’action social (CAS), nous rendrons compte de quelques freins à une intégration de ce partage émotionnel au sein d’activités coopératives.
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Fiche technique
Fiche technique
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Année de publication
2021 -
Langue
Français -
Discipline(s)
Psychologie du travail -
Auteur(s)
MARC J., ROGALSKI J., MACQUET A.C. -
Référence
6/7/2021-LILLE-EPIQUE 2021
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