Usages des logiciels de gestion en ehpad : quelles conséquences psychosociales pour le soignants?

Le déploiement d’outils numériques, en augmentation dans tous les secteurs professionnels, modifie les pratiques professionnelles qui peuvent s’assortir de ressources et/ou de contraintes psychosociales. Dans une perspective de prévention des Risques Psychosociaux (RPS), il est donc nécessaire d’analyser les effets de l’utilisation de ces outils numériques, en tenant compte des usages et des contextes dans lesquels ils s’inscrivent. L’objectif est ici de présenter les données d’une étude en cours portant sur les usages des logiciels de soins d’aide-soignant, infirmier et infirmier coordinateur exerçant au sein d’établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes (Ehpad) ainsi que leurs effets en matière de ressources et de contraintes pour la prévention des RPS. Des entretiens auprès de 22 soignants d’établissements différents, complétés par des observations de l’activité de 35 soignants exerçant au sein de deux Ehpad, ont été réalisés. Les résultats permettent d’illustrer la manière dont les usages des logiciels peuvent, selon les conditions, s’adjoindre de ressources ou de contraintes perçues par les professionnels interrogés. Ainsi, les participants évoquent une utilisation des logiciels pouvant faciliter l’activité individuelle, une focalisation cognitive, une médiation du collectif, l’amélioration de la prise en charge des résidents et la protection des soignants en cas de conflits avec la hiérarchie ou les familles des résidents. Cependant, les usages des logiciels sont également décrits comme pouvant intensifier l’activité, sur le plan qualitatif et quantitatif, véhiculer des tensions au sein des équipes de travail, être à l’origine d’un sentiment de travail inutile, d’une qualité empêchée ou de conflits de valeurs. Ces contraintes sont évoquées en lien avec différentes conditions dont l’ergonomie des interfaces, les temporalités d’usage des logiciels d’usage, la dépendance organisationnelle s’instaurant entre les utilisateurs des logiciels, une insuffisance de formation perçue, etc. Dans un contexte de digitalisation des activités de soins, ce sont donc ces conditions qu’il faut pouvoir améliorer pour faire de ces logiciels une réelle ressource et assurer la santé des utilisateurs.