Activités collectives et émotions dans des environnements dynamiques à risques

Ce symposium propose de questionner la place des émotions dans les activités de régulation au sein d’un collectif. L’analyse proposée se structure autour du modèle de double régulation de l’activité en s’attachant plus particulièrement à sa dimension constructive. Celle-ci porte sur les influences de l’évolution des déterminants internes (individuels ou collectifs), plus particulièrement les émotions, sur les activités de régulation. Il s’agit ainsi de traiter de la question des activités collectives et des émotions dans des environnements dynamiques à risques du point de vue de la psycho-ergonomie.

Différents travaux portant sur la gestion des risques en situation dynamique mettent en avant une gestion des risques pilotée par l’atteinte du but d’une tâche primaire, qui fonde l’activité mise en œuvre par les opérateurs. D’autres travaux soulignent l’influence des émotions dans la régulation de l’activité individuelle et collective, impactant ainsi processus décisionnels et prises de risques. Nous questionnerons, à partir d’exemples d’activités dans ce type d’environnements, le rôle que jouent les émotions dans la régulation de l’activité. Il sera question aussi, de manière réciproque, d’interroger les effets de la régulation de l’activité collective sur les émotions.

Les points que nous proposons de discuter dans ce symposium concernent les déterminants de la situation qui amènent le vécu émotionnel des acteurs à détourner leur attention de la gestion de la tâche primaire pour l’orienter vers la régulation des émotions. Dans ce cas de figure, on assiste à un changement de priorités, voire à un conflit de buts, puisque la gestion de l’activité tend à dérouter l’attention des acteurs de la réalisation de la tâche pour la réorienter vers le vécu émotionnel des acteurs. Ce changement d’orientation de l’activité, dirigée vers la production, puis vers la gestion des émotions, nous amènera à aborder la façon dont le collectif gère la situation et les régulations. Nous identifierons également la manière dont l’activité collective peut engendrer de l’émotion en abordant les concepts d’image de soi, de confiance, de pression sociale ou encore de contagion émotionnelle.

Il s’agira d’interroger quels déterminants propres aux environnements dynamiques à risques font varier ce tandem « activité collective–émotions ». Parmi les dimensions qui interviennent, nous verrons que peuvent figurer la nature et le niveau du risque et la temporalité des conséquences (immédiates ou à long terme), les conditions environnementales, en termes d’espace, de temps, de structure organisationnelle et communicationnelle, de relation hiérarchique et managériale, et enfin, le rapport qui se joue entre les individus et le groupe, tels que la variabilité interindividuelle, l’espace collectif, les valeurs et les normes sociales, les aspects liés au genre. Dans des environnements dynamiques à risques, ces enjeux peuvent s’avérer particulièrement déterminants, la régulation collective ayant lieu en cours d’action, dans des conditions partiellement contrôlées où la perte de la maîtrise de la situation ne tient parfois à pas grand-chose.

À partir de la présentation de cas traitant d’activités collectives, nous questionnerons l’influence des régulations émotionnelles individuelles et collectives dans les différentes régulations mises en œuvre pour réaliser la tâche primaire, même si cela peut s’opérer parfois au travers de décisions sacrifices, coûteuses émotionnellement, mais indispensables pour la continuité de la tâche primaire.