Pathologie Guide de lecture
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Nom de la maladie
Rougeole
Transmission
Mode de transmission
- le plus souvent par l'intermédiaire de gouttelettes provenant des voies aériennes supérieures, générées lors de la toux, les éternuements ou la parole d'une personne infectée et déposées sur les muqueuses nasales, pharyngées et conjonctivales.
- par inhalation d'aérosols contaminés : cas documentés de contaminations survenues dans des endroits clos jusqu'à 2 heures après le départ du patient source (transmission "air").
- plus rarement, par contact avec des mains souillées ou des surfaces contaminées par des sécrétions oropharyngées.
Période de contagiosité
La période de contagiosité commence la veille de l'apparition des premiers symptômes (3 à 5 jours avant l'éruption) et persiste jusqu'au 5e jour après le début de celle-ci.
L'infectiosité est maximale dans les 3 jours qui précèdent le début de l'éruption, quand les signes cliniques sont aspécifiques (fièvre, toux, coryza) et que la concentration virale dans les liquides biologiques est forte.
La maladie
Incubation
De 7 à 18 jours, en moyenne 10 jours du moment de l'exposition au début de la fièvre, l'éruption apparaissant à 14 jours.
Clinique
La période d'invasion correspond à une phase virémique avec présence de virus dans les sécrétions nasopharyngées et l'urine, l'atteinte de l'épithélium respiratoire étant prédominante :
- les signes cliniques comportent un catarrhe oculo-respiratoire, une fièvre élevée, jusque 39,5 °C - 40 °C et une altération de l'état général ;
- le signe de Köplick, inconstant, est pathognomonique, apparaissant à la 36e heure et persistant jusqu'à l'éruption (petites taches blanc-bleuâtres sur fond érythémateux au niveau de la muqueuse jugale).
L'éruption débute au niveau de la tête et du visage ; son extension est descendante en 3 à 4 jours : cou, épaules, thorax et membres supérieurs, puis abdomen, cuisses et généralisation ; il s'agit de maculo-papules, de 1 à plusieurs mm, non prurigineuses, s'effaçant à la pression, de contours irréguliers et confluentes mais avec intervalles de peau saine, disparaissant au bout d'une semaine.
Des complications peuvent survenir, avec un risque accru chez les nourrissons, les adultes et les personnes immunodéprimées :
- surinfections bactériennes fréquentes : otite (7 à 9 %), laryngite, pneumopathie (1 à 6 %) ;
- pneumopathie rougeoleuse ;
- complications neurologiques : encéphalite aiguë précoce de la période éruptive (1/2 000 rougeoles) de pronostic grave, encéphalite immuno-allergique survenant 1 à 2 semaines après l'infection de meilleur pronostic, la panencéphalite sclérosante subaiguë (PESS) survenant 5 à 10 ans après la rougeole (180 cas en France en 10 ans, d'évolution toujours létale) et la MIBE (measles inclusions body encephalitis) d'évolution létale également, dont les symptômes apparaissent 3 à 6 mois après l'infection et touche les immunodéprimés ;
- pneumonie interstitielle notamment chez l'immunodéprimé (d'évolution fatale) ;
- rougeole " maligne ", exceptionnelle en France (d'évolution fatale également).
Diagnostic
- Sérologie (technique de référence pour le diagnostic de rougeole) : présence d'IgM spécifiques.
- Détection d'IgM salivaires (kit de prélèvement salivaire disponible au niveau des ARS, cf. : instruction du 28/09/2018) : les IgM apparaissant dans la salive à peu près en même temps que dans le sang, 2 à 3 jours après l'éruption. Le diagnostic salivaire réalisé par le CNR consiste dans la recherche à la fois des IgM et des IgG ainsi que la recherche directe du virus par RT-PCR. Fiche de renseignements pour le diagnostic de la rougeole à partir d'un prélèvement salivaire.
- RT-PCR : détection de l'ARN viral dans un échantillon susceptible de contenir le virus. Les prélèvements de choix sont la salive, les différents prélèvements respiratoires, les urines. La détection du virus est possible 3 jours avant l'éruption et jusqu'à 10 jours après. Le sang (sérum, plasma ou sang total) ne représente pas le prélèvement de choix pour la détection de la rougeole du fait d'une présence très brève du virus dans le sang.
Ce type de diagnostic (recherche d'IgM et détection moléculaire) permet de répondre aux exigences de l'OMS (rendu de résultats dans les 3 jours après l'arrivée du prélèvement au laboratoire et ensuite l'identification du génotype en cas de positivité).
Traitement
Pas de traitement spécifique de la forme commune de la rougeole.
Traitement antibiotique des complications bactériennes pulmonaires et ORL.
Populations à risque particulier
Terrain à risque accru d'acquisition
Personnes n'ayant pas fait la maladie et non vaccinées ou ayant reçu une seule dose de vaccin.
Terrain à risque accru de forme grave
- Malnutrition.
- Immunodépression.
- Nourrisson de moins de 1 an.
- Adulte et adolescent non-immuns.
- Femmes enceintes.
Cas particulier de la grossesse
La rougeole survenant chez la femme enceinte peut entraîner des formes graves pour la mère et être source de complications de la grossesse (interruption précoce) et de rougeole congénitale 9.
Vaccination contre-indiquée tout au long de la grossesse (comme tout vaccin à virus vivant atténué) ; toutefois les études menées chez des femmes vaccinées accidentellement juste avant ou pendant une grossesse ne concluent pas en faveur d'une interruption de grossesse.
Immunité et prévention vaccinale
La recherche d'anticorps neutralisants qui attestent de la protection n'est pas réalisable en routine. Les anticorps détéctés par la technique Elisa ne sont pas prédictifs de la non réceptivité de la personne vis-à-vis de la rougeole R1.
Immunité naturelle
Naturelle définitive.
Prévention vaccinale
Descriptif du vaccin
Vaccin à virus vivant atténué sous forme trivalente : associé aux vaccins contre les oreillons et la rubéole (M-M-RVaxProR®, Priorix®) ou quadrivalente : vaccin combiné rougeole-oreillons-rubéole-varicelle (ROR-Tetra®, Proquad®).
Immunité vaccinale
Acquise dans les 4 jours suivant la vaccination avec un taux de séroconversion de 90 % après une dose de vaccin, ce qui implique un schéma vaccinal à 2 doses, la deuxième dose étant un rattrapage et non un rappel et persistance de l'immunité de longue durée (> 20 ans), même après disparition des anticorps sériques mesurables.
Néanmoins, des cas peuvent survenir après 2 doses : la proportion de cas survenus chez des personnes ayant reçu 2 doses de vaccin augmente avec la couverture vaccinale (4,7 % des cas dont le statut vaccinal est connu en 2011 et 12,9 % en 2018) 6.