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Acroléine

Fiche toxicologique n° 57

Sommaire de la fiche

Édition : Septembre 2021

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme

    À la suite d’une exposition par voies orale ou respiratoire, une grande majorité de l’acroléine est absorbée. Sa forte réactivité envers notamment les groupements thiols libres limite sa biodisponibilité dans l’organisme : elle est retrou­vée principalement dans le tractus gastro-intestinal. L’acro­léine est rapidement métabolisée, entraînant la formation de métabolites conjugués (conjugaison avec le glutathion) dont le potentiel toxique est fortement réduit par rapport à celui de l’acroléine. Les métabolites sont retrouvés princi­palement dans les urines. L’acroléine peut également être éliminée par voie respiratoire sous forme de dioxyde de carbone ou par les fèces, mais les métabolites fécaux ne sont pas connus.

    Chez l'animal
    Absorption

    Chez le chien, une forte rétention des vapeurs inhalées a lieu dans le tractus respiratoire (80 - 85 %) dont la majorité dans la partie supérieure ; le taux de rétention est indé­pendant de la fréquence respiratoire [15]. Chez des rats exposés à 0,9 - 9,1 ppm d'acroléine, l'absorption se produit uniquement dans le tractus respiratoire supérieur (entre 70 et 90 %) et diminue avec l'augmentation de la fré­quence respiratoire [16, 17].

    Par voie orale, l'absorption gastro-intestinale de l'acro­léine est de 75 - 86 % chez le rat, après administration d'une dose unique de 2,5 mg/kg ou de doses multiples sur 14 jours ; après administration d'une dose unique de 15 mg/kg, l'absorption est de 53 - 61 % [18].

    Aucune information n'est disponible pour la voie percu­tanée.

    Distribution

    Quelle que soit la voie d'exposition, la forte réactivité de l'acroléine vis-à-vis de groupements tels que le glutathion entraîne une distribution systémique limitée [4, 19].

    In vitro, l'acroléine se fixe aux protéines microsomiales en absence de NADPH, alkyle les groupements sulfhydriques libres du cytochrome P450, se fixe à lADN à raison d'une molécule pour 1000 nucléotides (in vivo, chez le rat, la fixation est de 1 molécule pour 40 000 nucléotides) et forme des adduits cycliques avec la désoxyguanosine (1,N2-G), la désoxyadénosine (1,N6-A) et la cytosine mono­phosphate (3,N4-CMP).

    La distribution corporelle, mesurée 168 heures après exposition du rat à la 14C-acroléine par voie orale, a lieu essentiellement dans le foie, l'estomac, les glandes sur­rénales et les reins ; la radioactivité est plus faible mais significative dans le sang, la rate, les poumons et le tissu adipeux [18].

    Métabolisme

    Le métabolisme de l'acroléine a été étudié in vitro et in vivo (Fig. 1 page suivante).

    In vitro, la molécule est transformée par les enzymes microsomiales en acide acrylique ou en glycidaldéhyde selon le tissu d'origine (oxydation en acide acrylique dans les extraits de foie et en glycidaldéhyde dans les pou­mons) [20].

    In vivo, l'acroléine est principalement conjuguée au gluta­thion. Les métabolites conjugués ont un potentiel toxique réduit par rapport à l'acroléine [4]. Cette conjugaison serait suivie de plusieurs étapes conduisant à la forma­tion d'acides mercapturiques : acide S-(3-hydroxypropyl) mercapturique (HPMA) ou acide S-(2-carboxyéthyl)mer- capturique (CEMA) [20]. D'autres voies métaboliques minoritaires existent avec formation d'acide acrylique ou de glycidaldéhyde ; in vivo, la formation d'acide acrylique n'est pas directement mesurable du fait de sa dégrada­tion métabolique rapide [21].

    Schéma métabolique

    Excrétion

    Chez le rat, après administration orale de 14C-acroléine (2,5 mg/kg), l'élimination de molécules radiomarquées est de 52 à 63 % dans l'urine, de 12 à 15 % dans les fèces et de 27 à 31 % sous forme de CO2 dans l'air expiré[18]. Après administration d'une plus forte dose (15 mg/kg), la quantité éliminée diminue dans les urines et augmente dans les fèces.

    Les métabolites urinaires identifiés comprennent les déri­vés mercapturiques, l'acide 3-hydroxypropionique, l'acide malonique et l'acide oxalique ; le HPMA étant le méta­bolite le plus abondant et le CEMA représentant moins de 10 % des acides mercapturiques excrétés [22]. Le pic d'excrétion des métabolites se situe dans les 5 premières heures après l'exposition.

    La nature des métabolites fécaux n'est pas connue, il s'agirait de polymères d'acroléine ou d'adduits polysac­charidiques ou protéiniques résultant de la réaction de l'acroléine avec les composés de la nourriture dans le trac­tus gastro-intestinal[19].

    Surveillance Biologique de l'exposition

    L’effet critique de l’acroléine étant l’irritation des voies respiratoires et de la muqueuse oculaire, la surveillance biologique de l’exposition n’est pas pertinente.

    La Commission allemande DFG a toutefois proposé le dosage de l'acide S-(3-hydroxypropyl)mercapturique (HPMA) urinaire en fin de poste, après plusieurs postes, pour lequel une valeur BAR de 600 µg/g de créatinine a été établie chez les non-fumeurs (correspondant au 95e percentile des valeurs retrouvées chez les non-fumeurs en population générale) [23].

  • Mode d'actions [24]
  • Toxicité expérimentale
  • Toxicité sur l’Homme
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