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Benzène

Fiche toxicologique n° 49

Sommaire de la fiche

Édition : Juillet 2024

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme [1]

    Le benzène est absorbé par toutes les voles d’exposition. Il est rapidement distribué, préférentiellement dans les tissus riches en lipides. La métabolisation a principalement lieu dans le foie ainsi que dans la moelle osseuse et le métabo­lisme oxydatif est nécessaire au développement d’effets toxiques. Une partie du benzène peut être exhalée sous forme non métabolisée, mais la plus grande partie est métabolisée et les métabolites sont excrétés sous forme conjuguée, principalement dans l’urine.

    Chez l'animal
    Absorption

    Le benzène est facilement absorbé au niveau du tractus gastro-intestinal puisque plus de 80 % de la dose orale est absorbée chez le lapin et plus de 97 % chez le rat et la sou­ris. Après inhalation, on retrouve chez les rongeurs 10 à 50 % de la dose administrée dans le sang et les tissus et, chez l'Homme, plusieurs études évaluent l'absorption par cette voie à 50 %. Le benzène liquide ou les vapeurs de benzène sont également absorbés par voie cutanée mais de façon moindre : chez l'Homme, une étude in vitro estime l'absorption cutanée de benzène liquide à 0,2 % et, in vivo, 0,05 % des vapeurs semblent absorbées par la peau. En milieu professionnel, le benzène est absorbé essentiellement par voie pulmonaire et, à un moindre degré, par voie percutanée.

    Distribution

    Le benzène se distribue préférentiellement dans les tissus riches en lipides. Des niveaux importants sont observés dans les tissus adipeux, le cerveau, le sang, les reins et le foie par inhalation chez l'Homme ainsi que dans la moelle osseuse, les glandes mammaires et les glandes de Zymbal après inhalation ou ingestion chez le rat. Le benzène peut également traverser le placenta chez l'Homme et l'animal et des concentrations comparables sont observées dans le sang maternel et le sang du cordon ombilical.

    Métabolisme

    Le benzène est métabolisé essentiellement dans le foie, mais aussi dans les autres tissus où il s'est fixé, notam­ment la moelle osseuse.

    La première réaction, catalysée par le système du cyto­chrome P450 (CYP2E1), conduit à la formation d'époxybenzène. L'absence d'effets néfastes chez les souris knockout CYP2E1 (souris dépourvue de l'activité enzyma­tique CYP2E1) montre que cette étape de métabolisation est essentielle dans la toxicité du benzène [14]. En effet, les métabolites responsables des effets toxiques sont formés à partir de l'époxybenzène très réactif par différentes voies d'oxydation (cf. fig. 1).

    Les mêmes voies métaboliques semblent communes aux différentes espèces mais avec des variations quantita­tives. La formation de dérivés conjugués est plus importante chez le rat que chez la souris. Des études par voie intra-péritonéale (ip) ou intra-veineuse (iv) indiquent que les primates métabolisent le benzène majoritairement en conjugués phénoliques, et l'oxydation en composés toxiques comme l'hydroquinone et l'acide trans,trans-muconique est moindre que chez la souris. Chez l'Homme, les enzymes des cytochromes P450 sont présentes avec une grande variabilité inter-individuelle, et in vitro l'activité des différentes enzymes du métabolisme du benzène varie d'un facteur 3 selon les individus avec des valeurs comprises entre celles du rat et de la souris [15].

    Divers produits peuvent interférer avec le métabolisme du benzène. L'éthanol et, de façon moins claire, le phéno­barbital stimulent le métabolisme du benzène. À l'inverse, le toluène inhibe par compétition la transformation du benzène en phénol. Par ailleurs, l'administration répétée de benzène à faible dose réduit l'activité du CYP2E1.

    Schéma métabolique

    Excrétion

    Après inhalation, ingestion ou application cutanée, le ben­zène se retrouve principalement tel quel dans l'air expiré et sous forme métabolisée dans les urines.

    Chez la souris, après ingestion de faibles quantités, 90 % de la dose est excrétée dans les urines alors que pour des doses plus élevées, une proportion plus importante est exhalée sous forme non métabolisée, ce qui indique une saturation du métabolisme du benzène.

    Lors d'une exposition chronique, l'élimination pulmonaire varie entre 10 et 50 % de la quantité absorbée ; elle se poursuit au moins 24 heures après l'arrêt de l'exposition. Les phénols urinaires correspondent au métabolisme de 30 à 40 % du benzène et sont à 90 % sous forme sulfoconjuguée. Les métabolites conjugués de l'hydroquinone, du catéchol et l'acide muconique sont également présents dans l'urine.

    La quantité urinaire de benzène non métabolisé repré­sente moins de 1 % du benzène administré.

    L'élimination urinaire se poursuit pendant 24 à 36 heures.

    Une faible quantité de métabolites glucuroconjugués peut également être retrouvée dans les fèces après pas­sage dans la bile.

    Surveillance Biologique de l'exposition

    L’acide S-phénylmercapturique (SPMA) ou le benzène urinaires en fin d’exposition ou fin de poste de travail sont les indicateurs à privilégier pour la surveillance biologique de l’exposition au benzène.

    Des valeurs biologiques d’interprétation professionnelles et issues de la population générale sont disponibles pour ces deux indicateurs.

    Pour le dosage du benzène urinaire il faut se méfier d'une contamination externe du prélèvement. Pour des expositions inférieures à 0,5 ppm de benzène, le tabagisme est le principal facteur de confusion pour les deux indicateurs. Il est recommandé de ne pas fumer dans les 2 heures précédant le prélèvement.

    L'acide trans,trans-muconique (t,t-MA) urinaire en fin d’exposition ou de poste de travail n’est pas un indicateur adapté pour des expositions au benzène inférieures à 0,3 ppm. A ce niveau d'exposition, il est surtout influencé par l'acide sorbique d'origine alimentaire et est soumis à de grandes variations individuelles.

  • Toxicité expérimentale
  • Toxicité sur l’Homme
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