Toxicité aiguë [7 à 12, 29 à 34]
Le cuivre et ses dérivés présentent des niveaux de toxicité aiguë différents. La plupart sont nocifs par voie orale, nocifs ou toxiques par inhalation et irritants pour les yeux. Ils ne provoquent pas d’effets toxiques par voie cutanée et ne sont ni irritants (excepté le sulfate de cuivre), ni sensibilisants cutanés.
La plupart des composés à base de cuivre sont nocifs par voie orale et/ou nocifs ou toxiques par inhalation (cf. tableau III). Les principaux signes cliniques de toxicité observés dans les études de toxicité aiguë par voie orale et par inhalation consistent en une diarrhée, une dyspnée, une hypoactivité et une ataxie.
La DL50 par voie cutanée chez le rat est supérieure à 2000 mg/kg pour chacun des composés, peu ou pas de signes cliniques de toxicité étant observés.
Irritation
Les dérivés du cuivre ne sont pas ou peu irritants pour la peau du lapin, sauf le sulfate de cuivre actuellement classé « irritant pour la peau » selon le règlement (CE) n°1272/2008.
Concernant l'irritation oculaire chez le lapin, des effets sont observés au niveau de la cornée, de l'iris et de la conjonctive avec la grande majorité des composés ; certains sont considérés comme non irritants alors que d'autres sont irritants voire sévèrement irritants selon les critères de la classification européenne (cf. tableau III).
Sensibilisation
Les dérivés du cuivre ne présentent pas de propriétés de sensibilisation cutanée chez le cobaye dans les tests de maximisation.
| Toxicité par voie orale chez le rat (DL50 en mg/kg) | Toxicité par inhalation chez le rat (CL50 en mg/L) | Irritation oculaire |
Non classé | Nocif | Non classé | Nocif | Toxique | Non classé | Irritant | Sévèrement irritant |
Dihydroxyde de cuivre | | 451-1280 | | | 0,5 | | | X |
Oxychlorure de cuivre | | 950-2006 (rat) 221 (souris) | | 2,83 | | X | | |
Oxyde de dicuivre | | 300-500 | | 2,92 | | | X | |
Bouillie bordelaise | > 2 000 | | | 1,97 | | | | X |
Sulfate de cuivre tribasique | | 300-500 | ND | | | X | | |
Sulfate de cuivre pentahydraté | | 481-666 | ND | | | | | X |
Thiocyanate de cuivre | > 5 000 | | > 5,86 | | | X | | |
Oxyde de cuivre | > 2 000 | | | | ND | X | | |
Cuivre sous forme de paillettes, revêtu d'acides aliphatiques | | 300-500 | | | 0,733-1,67 | X | | |
Carbonate de cuivre basique | | 500-2000 | | 1,03-5,20 | | | X | |
Tableau III. Tableau des effets de toxicité aiguë
Toxicité subchronique, chronique [7 à 12, 29 à 34]
Lors des études expérimentales relatives à la toxicité subaiguë, subchronique et chronique du cuivre par voie orale, les principaux organes cibles mis en évidence sont le foie, les reins et l’estomac. Des altérations pulmonaires sont observées après exposition par inhalation.
Chez le rat, les organes cibles identifiés après administration de sulfate de cuivre par voie orale pendant 15 ou 90 jours sont le foie (inflammation), les reins (modifications histopathologiques) et l'estomac (hyperplasie et hyperké- ratose). Les paramètres sanguins sont également modifiés. La dose sans effet toxique est de 16 mg Cu/kg/j chez le rat.
La souris semble moins sensible, avec des effets uniquement au niveau de l'estomac et une dose sans effet toxique de 97 mg Cu/kg/j après administration de sulfate de cuivre.
La dose sans effet toxique déterminée dans une étude de 1 an par voie orale chez le chien est de 15 mg Cu/kg/j après administration de gluconate de cuivre. Cependant, le chien ne semble pas être une espèce pertinente pour étudier les effets du cuivre. En effet, le cuivre a tendance à s'accumuler dans le foie plus facilement chez le chien que chez d'autres espèces (rat et homme) ; ceci serait dû à une affinité différente de l'albumine pour le cuivre, la structure de l'albumine du chien est différente de celle d'autres espèces, et à une plus faible excrétion du cuivre via la bile.
Par voie cutanée, l'exposition répétée pendant 21 jours de cuivre (sous forme d'hydroxyde) chez le lapin entraîne des modifications histopathologiques de la peau ainsi qu'une perte de poids corporel chez les animaux traités à 1 000 mg Cu/kg/j : la dose sans effet toxique est fixée à 500 mg Cu/kg/j.
Chez le cobaye, l'exposition par inhalation d'oxychlorure de cuivre entraîne des lésions pulmonaires interstitielles, pouvant conduire à une insuffisance respiratoire. Dans une étude de toxicité par inhalation de 4 semaines chez le rat à la concentration maximale de 2 mg/m3 sous forme d'oxyde de cuivre (I), les modifications histopathologiques de type inflammatoire observées au niveau pulmonaire sont réversibles 13 semaines après l'arrêt de l'exposition.
Chez le rat, l'administration de sulfate de cuivre à la dose de 250 mg Cu/kg/j dans l'alimentation pendant un maximum de 52 semaines entraîne des effets hépatiques (cellules parenchymateuses hypertrophiées et hyperchromatiques, nécrose et réactions inflammatoires) et rénaux (modification des tubules contournés proximaux). Ces effets apparaissent tôt (6 semaines) et sont réversibles sans arrêt de traitement (entre 9 et 15 semaines), une tolérance au cuivre semblant s'installer chez ces animaux.
Sur la base de ces études chroniques disponibles ainsi que d'une étude de 2 ans par voie orale chez le rat, la dose sans effet toxique observée est de 27 mg Cu/kg/j après administration de cuivre sous forme de complexe avec la chlorophylline (sels de sodium et de potassium).
Effets génotoxiques [7 à 12, 29 à 34]
Les différentes études disponibles tendent à démontrer l’absence d’effets génotoxiques des dérivés du cuivre après administration par voie orale.
Il est important de noter que les tests effectués pour caractériser la génotoxicité des dérivés du cuivre ne suivent que rarement les Bonnes Pratiques de Laboratoire (BPL) et présentent d'importantes déviations aux documents guides. De plus, le profil d'impuretés des lots toxicologiques est souvent inconnu, des impuretés potentiellement génotoxiques pouvant être présentes (certains métaux lourds par exemple).
In vitro
Des résultats négatifs sont obtenus dans plusieurs tests de mutation génique sur bactéries (Salmonella typhimurium) avec et sans activation métabolique (tests réalisés avec le sulfate de cuivre, la bouillie bordelaise, l'oxychlorure de cuivre, l'oxyde de dicuivre, le chlorure de cuivre ou dichlorure de cuivre).
Cependant, deux autres tests réalisés in vitro se sont révélés positifs : un test in vitro de synthèse non programmée de l'ADN (UDS) avec le sulfate de cuivre (test non conforme aux BPL, résultats non détaillés) et un test d'échange de chromatides sœurs avec le dinitrate de cuivre (test non conforme aux BPL, pas de contrôles positifs, expériences non dupliquées).
In vivo (tests réalisés avec le sulfate de cuivre)
Par voie orale, des résultats négatifs sont obtenus dans un test du micronoyau sur moelle osseuse de souris, dans un test de synthèse non programmée de l'ADN (UDS) sur hépatocytes de rat et dans un test d'aberration chromosomique chez la souris. Ainsi, les dérivés du cuivre peuvent être considérés comme non génotoxiques après administration par voie orale.
Après injection intrapéritonéale de sulfate de cuivre, des résultats positifs sont obtenus dans deux tests réalisés sur moelle osseuse de souris (tests non conformes aux BPL, faible nombre d'animaux, pas de contrôle positif pour l'un des deux, faible nombre de cellules examinées) : test du micronoyau et test d'aberration chromosomique. Un autre test du micronoyau par voie intrapéritonéale sur moelle osseuse de souris se révèle quant à lui négatif. Cependant, la voie intrapéritonéale semble être inappropriée puisque le cuivre ne suit pas son processus normal d'absorption et de distribution.
Au vu de ces résultats obtenus dans des tests réalisés après administration intrapéritonéale de sulfate de cuivre, un potentiel génotoxique par inhalation ne peut être exclu pour les dérivés du cuivre. Cependant, ces résultats obtenus avec du sulfate de cuivre de pureté inconnue doivent être relativisés étant donné la présence potentielle d'impuretés génotoxiques.
Effets cancérogènes [7 à 12, 29 à 34]
Le cuivre n’est pas cancérogène lors d'études chez le rat.
Chez le rat, l'administration de cuivre sous forme de sulfate pendant 52 semaines maximum à des doses de 150 à 300 mg Cu/kg/j n'a pas mis en évidence d'effet cancérogène. De même, aucun effet néoplasique n'a été observé dans une étude de 2 ans chez le rat après administration de cuivre sous forme de sulfate, de gluconate ou sous forme de complexe avec la chlorophylline (sels de sodium et de potassium), pour des doses allant jusqu'à 80 mg Cu/kg/j.
De plus, la co-administration de cuivre sous forme d'acétate et d'un cancérogène hépatique connu (p-diméthylaminobenzène) pendant 19 mois chez le rat diminue l'incidence et la survenue de tumeurs hépatiques. Le cuivre n'est ni un co-carcinogène, ni un promoteur.
Effets sur la reproduction [7 à 10, 12, 29 à 33]
Les études sur les fonctions de reproduction et sur le développement menées avec le cuivre ne révèlent pas d’effet toxique particulier ; des effets sont observés uniquement en présence d’une toxicité maternelle.
Fertilité
Dans une étude sur 2 générations chez le rat avec du sulfate de cuivre, les paramètres de la reproduction n'ont pas été modifiés. La dose sans effet toxique pour la reproduction est de 23 mg Cu/kg/j (dose maximale testée). À cette dose, une diminution du poids de la rate a été observée chez les femelles adultes et chez les descendants, en relation avec une consommation alimentaire plus importante ; la dose sans effet toxique est ainsi de 15,2 mg/kg/j.
D'autres études de fertilité chez le rat, la souris et le vison n'ont pas montré d'effets du cuivre (sous forme de sulfate ou de gluconate) sur les paramètres de la reproduction.
Développement
Dans une étude de toxicité sur le développement réalisée par gavage chez le lapin avec du dihydroxyde de cuivre, des effets sur le développement (augmentation du nombre de variations squelettiques) ont été observés à des doses maternotoxiques (9 et 18 mg Cu/kg/j). La dose sans effet toxique pour les mères et pour le développement a été déterminée à 6 mg Cu/kg/j. Cependant, du fait du phénomène de coprophagie existant chez le lapin, celui-ci n'apparaît pas comme étant un bon modèle d'étude de la toxicité du cuivre, molécule excrétée dans les fèces.
Des études réalisées chez le rat et la souris n'ont montré aucun effet embryotoxique ou tératogène à la dose maximale testée de 30 mg Cu/kg/j après administration de cuivre sous forme de gluconate.