Pathologie - Toxicologie
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Toxicocinétique - Métabolisme [2, 12, 13]
Le 1,3-butadiène pénètre dans l’organisme principalement par le tractus respiratoire. Il s’y distribue largement et est éliminé, sous forme de CO2, dans l’air expiré et, sous forme conjuguée, dans les urines.
Chez l'animal
Absorption
Le gaz pénètre, par diffusion passive, des alvéoles vers le sang ; la quantité relative absorbée diminue quand la concentration augmente (1,5 % de 7 100 ppm et 17 % de 0,8 ppm chez le rat, 4 % de 1 000 ppm et 20 % de 7 ppm chez la souris, lors d'une exposition pendant 6 heures). La quantité totale retenue par kilogramme de poids est 4 à 7 fois plus importante chez la souris que chez le rat. L'absorption du 1,3-butadiène est beaucoup plus faible chez les primates et l'homme.
Distribution
Le 14C]-1,3-butadiène inhalé se distribue largement dans les tissus du rat et de la souris, dès le début de l'exposition. Les concentrations les plus fortes, 1 heure après la fin de l'exposition, sont retrouvées dans le sang, le tractus respiratoire, les intestins, le foie, les reins, la vessie et le pancréas ; les tissus de la souris contiennent des concentrations plus importantes que ceux du rat. Dans les érythrocytes, le 1,3-butadiène et ses métabolites époxydes forment des adduits avec l'hémoglobine, dont la quantité est fonction de la dose inhalée ; leur durée de vie est de 24 à 65 jours chez le rat et la souris. Le taux d'adduits formés, respectivement chez la souris, le rat et l'homme, est de 0,5, 0,2 et 0,004 pmoles/g d'hémoglobine/ppm-h.
Métabolisme
Selon les données obtenues in vitro et in vivo, la transformation métabolique du 1,3-butadiène est identique pour toutes les espèces étudiées, y compris l'homme (fig. 1) ; cependant, des différences d'absorption et de cinétique métabolique entre les espèces modifient les concentrations sanguines et la charge corporelle en 1,3-butadiène et en ses métabolites. Le taux de formation de l'époxybutène est inversement proportionnel à l'activité époxyde hydrolase hépatique de chaque espèce : la charge corporelle en époxybutène chez la souris est 4 fois plus importante que chez le rat et 100 fois plus importante que chez le singe et l'homme. L'époxybutène est oxydé en diépoxybutane, principalement chez la souris, 40 à 160 fois plus que chez le rat ; chez l'homme, la formation de diépoxybutane n'est pas décelable. Chez le rat, la concentration sanguine et tissulaire d'époxybutène ne varie pas selon le sexe, en revanche, le taux de diépoxybutane est plus important chez les femelles que chez les mâles.
Les différents époxydes ainsi obtenus peuvent alors :
- soit être inactivés par hydrolyse ;
- soit former des acides mercapturiques tels que l'acide dihydroxybutylmercapturique (DHBMA) et l'acide monohydroxy-3-buténylmercapturique (MHMBA) ;
- soit former des liaisons covalentes avec l'ADN (mono- et di-époxy) ainsi qu'avec des protéines comme l'hémoglobine.
Dans les érythrocytes, il se forme des adduits à l'hémoglobine. Ainsi, les N-(1- et N-(2-hydroxy-3-butényl)valine (MHbVal) ainsi que le N-(2,3,4-trihydroxybutyl)valine (THbVal), provenant respectivement de la réaction de l'époxybutène et de l'époxybutanediol avec la partie N-terminale de la valine de l'hémoglobine, ont été identifiés chez des travailleurs exposés au 1,3-butadiène à des concentrations inférieures au ppm [17, 19, 20, 23].
Schéma métabolique
Excrétion
Le 1,3-butadiène est éliminé essentiellement par l'air expiré sous forme de CO2 ,ainsi que dans les urines sous forme de 2 métabolites principaux :
I) 1,2-dihydroxy-4-(N-acétyl-cystéinyl)-butane, formé à partir du conjugué au glutathion du 3-butène-1,2-diol
II) S-(1-hydroxy-3-butén-2-yl)-N-acétylcystéine, formée à partir du conjugué au glutathion de l'époxybutène ;
et 4 autres métabolites urinaires non identifiés. Le taux d'excrétion des métabolites (I : II) est (20 % : 80 %) chez la souris, (52 % : 48 %) chez le rat, (90 % : 10 %) chez le singe et (> 97 % : < 3 %) chez l'homme.
Le styrène inhibe le métabolisme du 1,3-butadiène pour des concentrations inférieures à 90 ppm de 1,3-butadiène uniquement ; ce qui prouverait l'implication de 2 mono-oxygénases à cytochrome P450 différentes (2E1 et 3A4) dans le métabolisme du 1,3-butadiène, dont une seule serait inhibée par le styrène.
Surveillance Biologique de l'exposition
Les dosages des acides mercapturiques, acide dihydroxybutylmercapturique (DHBMA) et acide monohydroxy-3-butényl mercapturique (MHBMA), dans les urines de fin de poste et fin de semaine de travail, est proposé pour la surveillance biologique de l’exposition au 1,3-butadiène. Ces indicateurs sont bien corrélés avec l'exposition de la journée, une accumulation étant observée au cours de la semaine de travail.
L'Anses a considéré qu'aucune valeur limite biologique (VLB) ne pouvait être proposée pour ces indicateurs puisque les valeurs calculées à partir des corrélations avec les concentrations atmosphériques en 1,3-butadiène (0,08 mg/m3, 0,008 mg/m3, 0,0008 mg/m3) associées aux trois niveaux de risque additionnel de décès par leucémie (10-4, 10-5, 10-6) seraient extrapolées pour des concentrations atmosphériques très basses par rapport à celles ayant permis d'établir ces corrélations. De plus, elles sont très proches voire inférieures aux valeurs retrouvées en population générale. Des valeurs biologiques d’interprétation (VBI) professionnelles ont été établies par d’autres organismes.
Des valeurs VBI issues de la population générale ont été recommandées par l’Anses (pour le DHBMA et le 3-MHBMA, principal isomère du MHBMA, en fonction du statut tabagique) et par la Commission allemande DFG (pour le DHBMA et le MHBMA, chez les non-fumeurs).
Les adduits à l’hémoglobine MHBVal et THBVal reflètent l’exposition des 4 mois précédents. Aucune VBI n’a été proposée par l’ANSES pour ces indicateurs : pas de VLB pour les mêmes raisons que celles évoquées pour le dosage des acides mercapturiques ; pas de VBI issue de la population générale, en raison de données insuffisantes.
Une valeur BEI pour le MHBVal de 2,5 pmol/g Hb après au moins 4 mois d'exposition a été établie par l’ACGIH, correspondant à une exposition atmosphérique à 2 ppm (4,4 mg/m3) de 1,3-butadiène.
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Toxicité expérimentale
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Toxicité sur l’Homme