Exposition au MDI dans 19 entreprises françaises - La MDA urinaire comme biomarqueur de l'exposition
Article de revue
Le 4,4'-méthylènediphényl diisocyanate (MDI), utilisé dans un certain nombre de secteurs industriels mettant en oeuvre des résines polyuréthannes, est un agent causal bien connu de l'asthme professionnel. Substance irritante et sensibilisante pour les voies respiratoires, sa classification par les instances européennes en catégorie 3 des cancérogènes est également à l'étude. La surveillance atmosphérique du MDI, isocyanate peu volatil et que l'on retrouve essentiellement sous forme d'aérosols dans les ateliers, est difficile et souvent peu représentative des expositions professionnelles, d'autant plus que les autres voies d'exposition, comme la pénétration percutanée, ne sont pas prises en compte. De plus, comme il a été montré que des expositions au MDI par voie cutanée pouvaient déclencher chez l'animal des allergies respiratoires, la prise en compte du contact cutané dans l'évaluation de l'exposition est nécessaire. Le dosage de la 4,4'-méthylènedianiline (MDA) urinaire est considéré comme un moyen fiable d'évaluation indirecte de l'exposition au MDI intégrant la totalité des voies d'exposition. Cet article présente une étude qui a donc consisté à évaluer les niveaux d'imprégnation de salariés exposés au MDI dans 19 entreprises françaises par la mesure des taux d'excrétion en MDA urinaire. L'analyse de 424 urines de fin de poste appartenant à 169 salariés met en évidence des expositions professionnelles significativement plus élevées que celles rencontrées chez des personnes non exposées. Les niveaux excrétés en MDA urinaire diffèrent selon le type de procédé de fabrication et surtout le degré d'automatisation du mélange MDI-polyols. Les opérateurs directement exposés au durcisseur de la résine contenant le MDI monomère excrètent les plus grandes quantités de MDA dans leurs urines de fin de poste et des expositions cutanées avérées au durcisseur ou à la résine en cours de polymérisation entraînent toujours des taux de MDA urinaire significativement plus élevés. La MDA urinaire s'avère être un outil pertinent pour évaluer les expositions professionnelles au MDI et aider les entreprises à améliorer leur procédé de fabrication et modifier leurs habitudes de travail. Aujourd'hui, au regard des possibilités techniques et analytiques actuelles des entreprises françaises et des laboratoires de contrôle, une valeur-guide biologique de 7 microgrammes/litre (5 microgrammes/gramme de créatinine) de MDA, à ne pas dépasser dans les urines de fin de poste, pourrait être proposée.