Etude de mortalité parmi les salariés d'une usine de production d'aluminium en France
Article de revue
Une étude épidémiologique de mortalité a été conduite dans une usine française de production d'aluminium, focalisée sur la mise en évidence d'une éventuelle association entre les cancers bronchopulmonaires et les expositions aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Cette étude est l'actualisation d'une étude qui avait été conduite antérieurement. La cohorte historique comprend tous les sujets de sexe masculin employés au moins 1 an entre 1950 et 1994. La période de suivi pour la mortalité s'étend de 1968 à 1994. Les causes de décès ont été données par les certificats de décès. Les SMR (Standardized Mortality Ratios) et leurs intervalles de confiance à 95 % (IC) ont été calculés sur la base des taux de mortalité de la population générale départementale utilisée comme référence externe. Les nombres observés (obs) ont ainsi été comparés aux nombres attendus en ajustant sur le sexe, l'âge et l'année de décès. La cohorte est constituée de 2 133 hommes, 335 d'entre eux sont décédés pendant la période de suivi. La mortalité observée est significativement inférieure à la mortalité attendue pour les décès toutes causes confondues (SMR = 0,81 ; IC : 0,72-0,90) et pour les cancers bronchopulmonaires (obs = 19 ; SMR = 0,63 ; IC : 0,38-0,98). Aucun excès de mortalité par cancers bronchopulmonaires n'est observé dans les ateliers où les expositions aux HAP sont susceptibles d'avoir existé, et aucune tendance n'apparaît en fonction de la durée d'exposition et du temps de latence. Cette sous-mortalité par cancers bronchopulmonaires pourrait être en partie expliquée par le "healthy worker effect" et un possible effet de confusion négatif par le tabagisme. Un excès statistiquement non-significatif est observé pour les cancers de la vessie dans la cohorte totale (obs = 7 ; SMR = 1,77 ; IC : 0,71-3,64). Cet excès est plus élevé parmi les sujets employés dans les ateliers où les expositions aux HAP sont susceptibles d'avoir existé (obs = 6 ; SMR = 2,15 ; IC : 0,79-4,68). Par ailleurs, un SMR supérieur à l'unité est observé pour la mortalité par "états psychotiques et dégénérescences cérébrales" (obs = 6 ; SMR = 2,39 ; IC : 0,88-5,21). Cet excès n'apparaît pas lié aux expositions à l'aluminium. Aucun risque de cancers bronchopulmonaires n'est mis en évidence. Des excès statistiquement non-significatifs sont observés pour les cancers de la vessie et les "états psychotiques et dégénérescences cérébrales".